

Urumqi (Xinjiang), Shanghai, Pékin, Nanjing (Jiangsu), Canton (Guangdong), Zhengzhou (Henan), Wuhan (Hubei), Chengdu (Sichuan), Changsha (Hunan), Chongqing… Depuis le vendredi 25 novembre, des dizaines des milliers de personnes participent à des manifestations collectives en Chine, malgré les risques. Les grèves et les manifestations sont moins rares dans ce pays que l’Occident a tendance à le croire. Cependant, un tel mouvement national ne s’était pas vu depuis juin 1989.
La politique zéro Covid, ses dérives et ses conséquences expliquent la première mobilisation. A Urumqi, la colère de la population, en proie à plus de trois mois de confinement, a explosé jeudi après la mort de dix personnes dans l’incendie d’un immeuble sorti cadenassé, politique sanitaire oblige. A Zhengzhou, les travailleurs de Foxconn, le sous-traitant d’Apple, manifestent pour des primes promises mais non versées et contre des conditions de vie et de travail qui ne pourraient être atteintes par le zéro Covid. A Canton, également contre les conditions inhumaines du confinement, la population s’est révoltée à la mi-novembre.
Mais ce week-end, à Shanghai, Nankin, Pékin, Changsha, Chengdu et Wuhan, les manifestations sont rapidement devenues plus politiques. Tu peux l’entendre là “Xi Jinping, démissionne”, « Arrêtez le président à vie », “Nous n’avons pas besoin de tests mais de liberté”, mais aussi à Pékin, “Ciné Balekno, stop à la censure”. Et partout, cette feuille de papier blanc se tient longuement, symbole d’un pays qui ne sait pas écrire ce qu’il y a dans le cœur, mais qui n’y pense pas. A Pékin, dimanche après-midi, seules quelques centaines de personnes, souvent très jeunes, se sont présentées. Sans doute parce que presque tous les étudiants sont enfermés et ne peuvent pas sortir du campus. Au cours de la journée, selon la vidéo, de nombreux étudiants de la prestigieuse université Tsinghua ont appelé à plus de démocratie. Encore une fois, le premier depuis juin 1989.
A ce mouvement collectif s’ajoutent quelques actes individuels de résistance. A Pékin, le 13 octobre, juste avant le congrès du Parti communiste, un homme en colère a brandi une banderole opposée à Xi Jinping, sachant pertinemment qu’il serait arrêté quelques minutes plus tard. Le 24 novembre, c’est au tour des citoyens de Chongqing de dénoncer publiquement la politique : “Il n’y a qu’une seule maladie dans le monde : le manque de liberté et la pauvreté”, qui juge.
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